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Interview des Elles par Amélie Madaleno, 2000 ?

jeudi 29 octobre 2009, par Lyonic

Tiré de : http://missalzheimer.free.fr/interv...

Le concert des Elles

Ce jeudi 18 Mai, nous avons pu assister au spectacle des Elles. Égales à leurs textes, à leurs musiques et à leur voix. Et quelle voix ! Une infirmières aux cheveux rouges nous a raconté son histoire sur une musique quelque peu techno et derrière la beauté acoustique du violoncelle et du piano, sans oublier l’accordéon, l’orgue, et les vents.

La beauté de la représentation tient sans doute de l’interprétation qui oscille entre deux pôles : Des textes sérieux et un jeu scénique léger, des thèmes dures avec des mots d’enfants... Même les musiciens se prennent au jeu et, par leur attitude et leurs notes, rendent l’univers de Pamela Peacemaker plus vrai que nature. Les Elles nous ont plongé dans notre monde mais avec des yeux d’enfants, il est méconnaissable et devient presque beau ! Ce doux contraste nous révèle une scène française qui sait manier le mot et sa musicalité, on en vient à se demander si c’est un ange habité par un démon, ou si c’est le contraire. Sacrée Pamela !

Amélie : Pouvez-vous vous présenter ?

Pascaline Hervéet : Je m’appelle Pascaline, J’écris textes et musique dans Les Elles. C’est un groupe qui existe depuis 6 ans, qui au départ était formé de 4 filles et qui maintenant a évolué avec deux musiciens. Il y a Christine Lapouze qui est au violoncelle, Sophie Henry au piano, accordéon, orgue et puis maintenant Pierre Millet à la trompette et coquillage, et Stéphane Diatchenko à la programmation.

Quelles sont vos influences ?

Je pense à Serge Gainsbourg parce que j’ai beaucoup écouté puis pour moi, c’est le parolier, c’est quelqu’un qui pouvait parler de tout avec une élégance que je trouve assez rare. Sinon Brigitte Fontaine pour son parcours car c’est quelqu’un qui a apporté quelque chose de nouveau à la chanson, les Rita Mitsouko pour les mêmes raisons. En fait, j’aime tous les gens qui ont une intégrité et un chemin particulier. Je ne sais pas si ils ont vraiment été une influence, ce sont des gens que j’aime mais j’essaie de faire en sorte que Les Elles ne ressemblent à rien d’autre.

Sur le fond des textes ce que vous appréciez chez Gainsbourg par exemple, comment le ressentez vous dans vos textes à vous ?

Je pense que c’est assez différent de Gainsbourg, parce que je fais de la chanson réaliste : il y a des personnages, j’aime bien raconter des histoires, il y a un coté plus noir et j’aime bien mélanger le coté réaliste et un peu social avec un coté surréaliste. Pamela Peacemaker est un peu le mélange des deux, l’infirmière c’est un fantasme et en même temps leur vie est confrontée à une dureté incroyable car elles donne beaucoup avec très peu de reconnaissance.

Qu’elle est votre définition de la fée, dans l’ancien album vous parlez de la « fée atomique », maintenant c’est « l’hôpital des Fées », qu’est-ce que cela représente pour vous ?

J’aime bien les personnages imaginaires. Je pense que la fée est quelqu’un qui est au dessus de tout dans la réalité, comme un enfant, que se soit la guerre ou qu’il se fasse tabasser par ses parents, il a toujours le goût du jeu et une poésie complètement spontanée et ce qui m’intéresse c’est cette poésie là qui ne passe pas forcément dans les mots : comme un enfant qui est capable de discuter avec la lune.

Cet aspect enfant que vous développez beaucoup dans le contraste qu’il y a entre les thèmes de vos chansons et leur interprétation, est-il naturel ou faites-vous un effort pour y arriver, ou peut-être avez vous conservé un regard d’enfant ?

Je me sens tout de même femme, j’ai une petite fille donc je suis maman. Mais c’est vrai qu’il y a des moments où je prends une distance qui fait que je peux rire de certaines choses et, comme je n’ai pas de tabous, je peux m’amuser avec des choses graves. Ceci est artistique uniquement, dans la vie de tous les jours, c’est plus compliqué, « je me ramasse » aussi comme tout le monde. Il y a quand même un désir de voir les choses comme ça, pour moi c’est ça l’intelligence, cette capacité d’évoluer dans tous les moments, même difficiles, tout en sachant y mettre de l’humour et de la distance.

Compte-tenu de la noirceur de certains de vos textes, quelle est votre approche de la mort ?

J’ai été confrontée à la mort assez tard et c’est un truc auquel je n’avais jamais pensé. A partir du moment où on prend conscience de ça, après cela fait partie de la vie. C’est pour cela que je me sens capable d’en parler, c’est un truc auquel tout le monde pense. La mort, la maladie donc, on peut faire le choix de s’en cacher, mais moi ça m’intéresse d’en parler, et puis il y a aussi de belles choses. C’est aussi pour ça que j’ai choisi le thème de l’hôpital. C’est un monde complètement fermé où les gens sont fragilisés mais où l’on rencontre des rapports humains exceptionnels et des choses que l’on perd dans la vie courante. Certains ne communiquent que par le touché ou le regard, c’est cela qui m’intéresse.

Par rapport à la chanson sur Lara Croft, que pensez vous du virtuel ?

Cela m’a amusé parce que j’ai vu beaucoup de gens passer leur temps sur ce jeu. Ca ne fait pas du tout partie de mon univers esthétique : cela ne me fais pas rêver et je trouve cela froid.

Et que pensez-vous d’internet ?

P : J’ai un peu changé d’avis depuis que j’ai fait des « chat ». C’est vraiment une autre forme de communication, c’est complètement excitant et rigolo, mais il n’y a pas de rapports directs. Je pense que c’est quand même une défaite qu’il y ait aujourd’hui plein de gens qui ne communiquent que par ce biais. Les gens ne parlent plus et je pense que cela empêche les gens de vaincre la timidité.

Au niveau de vos projets musicaux ?

J’ai envie d’écrire un long métrage sur Pamela Peacemaker en dessin animé, pour l’instant c’est un grand rêve car cela demande un budget monstrueux donc je ne suis pas du tout sûre d’aboutir. Je n’écris pas en tournée, donc ce sera pendant les vacances (rires). On va tourner deux ans avec ce spectacle mais il y a des breaks : l’été on a très peu de dates. Je suis assez lente à travailler : j’ai vraiment besoin d’isolement, c’est le contraire des tournées où tout est speed.

Pourquoi pas de photos ? Je voulais vraiment que le personnage qui soit mis en avant soit celui de Pamela Peacemaker, donc le dessin. Les photos c’est toujours forcément moins bien, c’est très rarement intéressant. Cela dit, j’aime beaucoup la photo mais il arrive que l’on en trouve qui ne véhiculent pas ce que nous souhaitons.

Ndlr : Merci à Pascaline et aux autres "Elles", note aux cliqueurs : si vous croisez Pamela, emportez-la avec vous, elle vous racontera des histoires...

Amélie Madaleno

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