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Interview de Pascaline Hervéet, radio Campus, 15 juin 2000

jeudi 29 octobre 2009, par Lyonic

Interview de Pascaline Hervéet par Julie Touron de Radio Campus, Clermont-Ferrand, le 15 juin 2000
Tirée du site http://membres.lycos.fr/magicienne.

Julie Touron : Bonsoir, tout de suite nous allons parler des Elles. Clermont les avait accueillies il y a deux ans à l’Opéra pendant les Pascalines.
Elle reviennent ce soir et joueront pour nous dans la Petite Coopé pour nous présenter leur nouvel album Pamela Peacemaker. Et c’est avec beaucoup d’émotion que j’accueille dans les studios de Sur le pouce, ce soir Pascaline Hervéet, chanteuse, auteur des textes et des mélodies.

Pascline Herveet : Bonsoir.

JT : Bonsoir Pascaline... Euh, tu préfères qu’on dise auteur, auteuse ou autrice ? Tu sais il y a une espèce de lois là-dessus...

PH : Ouaii, ben j’écris des chansons (rire)

JT : Oui ben voilà

PH : Ouai, on va dire ça comme ça, ouai ben je m’en fous en fait !

JT : En trois albums vous avez réussi à conquérir nous seulement la presse musicale indépendante et aussi, et c’est beaucoup plus important je crois, le public, un public fidèle et assez nombreux !
Alors, vous avez commencé à jouer dans la rue. Vous êtes satisfaite de ce parcours ?

PH : Ouai, c’est assez euh... Ouai c’est un beau parcours. C’est une belle rencontre surtout avec un public. C’est vrai que surtout au début, on a été pas mal boudées par les médias.
Et il y a vraiment eu une rencontre un truc qui s’est passé avec un public qui grandi de plus en plus.
Et c’est la plus belle récompense parce que, c’est ce que tu disais, les médias finalement, c’est moins important que le public.

JT : En même temps quand je dis média, c’est vraiment média indépendant, parce que vous faites pas du tout de pub sur la télé.

PH : Ah oui ça c’est clair, ça va on n’envahi pas les ondes, mais y’a quand même eu en presse écrite des belles choses, dans la presse nationale.
Mais moi je suis beaucoup moins sensible à ça qu’aux critiques, qu’elles soient positives ou négatives, des journalistes, qu’à un bon ou un mauvais concert. Ca fait beaucoup plus d’effet et ça perturbe beaucoup plus !

JT : Donc là la tournée c’est pour la sortie du troisième album, qui s’appelle Pamela Peacemaker. A plusieurs égards il est radicalement différent des précédents. Déjà vous avez changé de maison de disque, la composition du groupe a changé, le style musical a changé, et puis c’est un album concept. Donc on va détailler un peu tout ça au court de cet entretien.
Est ce que c’est révélateur pour vous d’une volonté vraiment de marquer un tournant dans votre carrière ?

PH : Euh la maison de disque non, ça c’est qu’un problème logistique. C’est bêtement financier. C’est à dire que là moi, j’avais envie d’avoir des moyens un peu plus conséquents sur cet album. Donc voilà, on est allé voir là où il y avait plus d’argent, mais c’est vraiment un outil, la maison de disque, c’est rien de plus !
Le changement de formation, je pense que c’est pas le dernier. C’est simplement une histoire qui évolue, et moi ce que j’aime bien dans le métier, c’est l’aventure, essayer des choses, faire des rencontres, mélanger des personnalités !
Donc voilà, là ça faisait trois ans, même quatre ans qu’on tournait avec la même formation, et voilà, ça devenait moins rigolo ! Ca devenait moins perturbant pour le public et pour nous.
Donc on est reparti un peu à zéro quoi !

JT : Au départ vous étiez quatre filles. Il y a une de ces quatre filles qui est partie, c’est Sarah Auvray. Qu’est ce qui s’est passé ?

PH : Il s’est avéré que moi j’avais d’autres envies musicales et puis que c’est une fille qui a beaucoup de talents, et que c’est bien qu’elle aille faire sa route toute seule, voilà !

JT : Je crois qu’elle est comédienne ?

PH : Ouai elle est comédienne, et elle chante, c’est quelqu’un qui est capable de faire plein de choses, notamment l’opéra, ce qu’est assez rare. Donc voilà, c’est bien ! (rires)

JT : Vous avez donc intégré deux hommes dans votre groupe. Est ce que ça correspond à une volonté de changer la grammaire française ? Ou est-ce que ça correspond à une volonté d’arrêter de dire que vous êtes un groupe de filles ?

PH : Ben oui, c’est plutôt d’arrêter de dire qu’on est un groupe de filles ! Le problème de ça, c’est que nous on a monté ce groupe, avec l’envie de partager des choses à plusieurs, pas forcement qu’avec des filles. Et ça a tout de suite été mis en avant par les médias, avec en plus un p’tit côté féministe qui ne nous convient pas du tout !
C’est pas du tout ce que j’ai envie de revendiquer, ça ne m’intéresse pas donc voilà, là maintenant, c’est clair, je sais qu’il y a des gens qui regrettent ça ! Donc ceux-là c’est pas grave du tout s’ils n’aiment plus les Elles...
Par contre les gens qui reprochent un peu le côté électronique, je peux comprendre, c’est vrai que je peux comprendre qu’on aie envie de n’écouter que de l’acoustique, ça c’est un choix qui est artistique et que j’écoute plus.

JT : Donc je vous propose toute de suite de faire une première pause musicale, donc on va écouter un premier extrait de cet album. C’est précisément Pamela Peacemaker.

RC : Pascaline, Pamela c’est toi ?

PH : Non c’est pas moi, mais j’y ai mis des choses à moi forcement oui !

RC : Comment est-ce qu’il est né ce personnage ?

PH : Je sais pas trop en fait !
Il est né il y a deux ans je ne sais pas très bien pourquoi... Moi, toujours est il que je me suis attachée à ce personnage, et c’est ce qui a fait que j’ai eu envie de faire tourner tout l’album autour d’elle. Je trouvais qu’il était suffisamment riche pour le suivre comme ça.

JT : Faut expliquer peut-être un peu aux gens qui ne connaissent pas l’album en lui-même. Donc il y a des chansons dans lesquelles c’est Pamela qui parle, qui chante, et d’autres où ce sont d’autres personnages qui parlent d’elle, ou pas forcement d’ailleurs, mais qui font partie de son entourage.

PH : Oui ben c’est ça, on tourne autour de tout ce qui la touche en fait, donc c’est... Il y a un enfant bulle, un vieux monsieur qu’elle a consolé, c’est tout dans le monde de l’hôpital.

JT : Ca reste toujours dans un univers qui est à la limite du rêve et du cauchemar.

PH : Oui tout à fait, mais en fait je pense que c’est aussi pour ça que j’ai pris ce personnage de Pamela, c’est qu’une infirmière c’est à la fois un fantasme, et une réalité super dure ! Et j’aime bien ce mélange, et le monde de l’hôpital, enfin tous ces endroits où les gens sont fragilisés par la vie, par la douleur, par quoi que ce soit, en général, il se passe des choses humaines exceptionnelles et c’est cet aspect-là qui m’intéresse dans le milieu de l’hôpital, c’est pas du tout le côté glauque.

JT : On a pu le remarquer sur tes précédents albums, et on le retrouve sur celui-là aussi, tu as envie généralement de donner la parole aux exclus.
Bon dans cet album ça peut se retrouver dans des chansons comme La belle au bois dormant du 3ème type, sur des chansons comme Armand, ce vieux qui ne peut plus vivre, pour qui la vie est finie et qui essaie malgré tout de continuer dans son lit d’hôpital, les enfants bulles qui sont également exclus ou Shamallow, la chanson Shamallow qui est vraiment à la marge...
C’est vraiment important pour toi donner la paroles à ces gens-là ?

PH : C’est... euh c’est con ce que je vais dire, mais c’est pas important, c’est naturel dans le sens où c’est ces gens-là qui m’intéressent. C’est pas un effort de ma part. Il se trouve que dans la vie, moi, c’est ces gens-là qui m’attirent et avec qui je partage le plus de choses et voilà !

JT : Tu ne te sens pas un peu schizophrène d’avoir créer un tel personnage ?

PH : Pas plus qu’une comédienne ou même une danseuse. Non je pense que c’est un métier où justement on joue avec ça, et pas plus qu’une actrice joue dans sa chambre et voilà !
Et après, est-ce que c’est de la schizophrénie ou pas, je sais pas ! Ouai quand c’est un gamin qui joue c’est pas de la schizo. Et moi ça fait plus partie du domaine du jeu !
C’est vraiment ludique pour moi... d’avoir les cheveux rouges parce que j’ai envie d’être Pamela sur scène, oui c’est un jeu !
br/> JT : Et sur scène, ça va être un vrai spectacle ou ça reste un concert ?br/> br/> PH : C’est un vrai spectacle dans le sens où on travaille vraiment le visuel ! C’est à dire qu’il y a un décor, des costumes, une attitude, des musiciens, qui n’est pas conforme à tous les stéréotypes du comportement de musiciens dans les concerts !
Mais c’est pas non plus figé, je veux dire il y a quand même un échange avec le public, le spectacle bouge beaucoup suivant les réaction du public.
Donc c’est un spectacle quand même qui est fragile, et ça c’est voulu. Alors là c’est pareil c’est ce qui m’intéresse aussi dans ce métier, c’est le fait qu’on soit vraiment sur un fil pendant tout le temps qu’on est sur scène, et d’être toujours à la limite de tomber !
Et en général, c’est là que, quand on se plante, on se plante, mais quand on ne se plante pas, il y a des échanges exceptionnels !

JT : Je voudrais revenir un peu sur le phénomène techno, les extasies, les raves parties, tu te sens concernée, toi, par ça ?

PH : Ouai, je me sens concernée dans le sens où la première fois que je suis allée dans un technival, j’ai eu un truc super fort ! J’ai découvert un monde comme ça où il y avait tout d’un coup justement plein de gens marginaux qui essayaient de vivre d’autres choses, et je trouve ça super touchant, parce que c’est à la fois très agréable de se retrouver comme ça dans un lieu privilégié où on peut faire ce qu’on veut et où on sent vraiment que la marginalité est complètement naturelle !
Et en même temps c’est complètement désespéré, parce que ce sont des gens qui se renferment sur eux, donc voilà, je trouve ça beau.
Et puis je pense que ça faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu un mouvement aussi fort que ça, moi j’ai pas été très sensible au rock, parce que justement je trouvais que ça s’évaporait au cours des année, ça n’avait plus de sens, il n’y avait plus l’aspect provocation, choc, qui était intéressant au départ.
Et là avec la techno c’est à nouveau ça qui est arrivé, c’est-à-dire que tout d’un coup, c’est la musique qui entraîne un vrai mouvement, un vrai état d’esprit, qui perturbe, qui choque, qui fait se poser plein de questions, voilà... (rire)

JT : La provocation, c’est important pour toi ?

PH : Oui bien sûr, c’est vital ! C’est ce qui fait avancer les choses.

JT : D’ailleurs, à coté, le fait qu’il y ait de la techno sur l’album, des paroles en anglais, le fait que tu parles en anglais sur l’album, que tu parles de choses comme... les play-stations... et tout un aspect, parce que c’est un album qui reste assez intemporel, malgré qu’il y ait des choses très modernes, dans des chansons comme la blouse qui, à coté comme ça après gère, et ça vient pas d’une volonté de sortir un peu du style "chansons françaises" ?

PH : Oui, ça c’est une volonté de ne pas faire ce que je reproche à pas mal d’artistes français, moi j’ai fait de la chanson française, parce que je suis françaises et c’était naturel de chanter en français, mais voilà ça s’arrête là, j’ai pas du tout envie de me retrouver dans le côté bêtement traditionnel, presque rétro. C’est pas ce qui m’intéresse dans la chanson, c’est pas l’aspect rétro je veux dire, moi c’est un monde d’expressions comme un autre, moi j’ai pas du tout envie de chanter, comme Edith Piaf, j’ai envie de créer ma propre chanson.
Voilà c’est vrai qu’il y a toute une vaque d’artistes en chanson française qui sont à font "accordéons" et qu’en bougent, je veux dire ça devient des caricatures pour moi de chanteurs français, et j’avais pas envie de tomber la dedans.

JT : Tu as déjà des projets pour la suite ?

PH : Euh oui et non, enfin j’ai envie de continuer à travailler avec l’électronique, mais aller plus loin.
Maintenant ça me parait un peu timide, j’ai envie de... enfin j’aimerais bien qu’il y ait un long-métrage en dessin animé sur l’histoire de Pamela Peacemaker...

JT : Et bien merci beaucoup et bonne chance pour le concert de ce soir. On espère que le public sera donc très très nombreux à venir t’applaudir, donc voilà, les Elles, une formation complète, sur scène vous êtes cinq, et vous êtes huit au total. C’est ça ?

PH : oui !

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