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Article des Inrocks sur le Deuxième album (30/11/1996)

jeudi 14 mars 2013, par Lyonic

Avec le Western de Manuel Poirier et Les Elles, il semblerait donc que la Normandie soit le berceau d’une nouvelle pertinence hexagonale. Et après Clarika, Boucherie Productions poursuit son ripolinage de la chanson française au féminin. On a trop vite glissé sur le premier album des Elles : le décalage de Made in Normandie de Stone & Charden (origine caennaise oblige), le clin d’oeil à Wenders (Les Elles du désir) et les improbables filiations ­de Damia, chanteuse réaliste, à Brigitte Fontaine, chanteuse surréaliste,­ méritaient mieux. Juste le temps de relever quelques stances féminines incongrues (Mon zizi ne sent pas le pipi/Tu peux lui faire guiliguili)­, et on renvoyait les quatre filles à leurs chères études, en l’occurrence la scène. On est bien puni car, avec leur second disque, le premier girls’ band français s’installe avec talent dans cet ailleurs, ces marges qui font pétiller le cerveau et stimulent l’affect. Pascaline Hervéet, par ailleurs fille du directeur du cirque du docteur Paradis, chante d’une voix de citron vert et écrit de drôles d’histoires pas toujours drôles. Ici, lorsque la petite fille occupe le devant de la scène, le désir de la femme gronde souvent en coulisses. Annoncée sur la place publique comme la narratrice provocante du désir féminin, elle s’essaie plutôt ici à un nouveau théâtre de la cruauté, parfois aussi ésotérique qu’un rêve de Buñuel, parfois tragiquement minimaliste : l’écolière qui voulait des ciseaux pointus, les errances d’une Miss Alzheimer à cervelle flottante, le SDF qui se fait du mauvais sang à coups de pistolet grimacent devant notre porte. L’irruption de l’étrange dans un quotidien balisé jusqu’à la névrose renvoie immanquablement aux courts récits de Raymond Carver. Avec un sens du haïku hérité de Vian (Les Talons hauts) et des formules qui ne noient jamais le climat étrange des chansons, Les Elles rejoignent les Têtes Raides et autres créateurs d’univers incongrus, les VRP et leur goût drolatique. Le déficit des mélodies dirige finalement l’attention sur une musique construite autour de bruits : raclements d’archet, bruits de bouche et pompe de l’accordéon encadrent ces goualantes pour néo-caf’conc’. Et toutes ces histoires et chants de femmes, exotiques forcément, érotiques parfois, définissent à notre usage une nouvelle façon de vibrer, aimer, souffrir, chanter.

C. Larrede

Source : http://www.lesinrocks.com/musique/c...

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